La Cappadoce…Ce nom aux consonances exotiques suffit à évoquer dans l’esprit du voyageur des paysages grandioses et surnaturels, mais il faut y avoir été soi-même pour comprendre la grandeur et la splendeur si particulière des incroyables formations rocheuses soigneusement et lentement sculptées par la nature aux cours de ces derniers millions d’années. Le nom « Cappadoce » ( Kapadokya en turc) tire son origine d’un terme assyrien, signifiant le « Pays des Beaux Chevaux » car la région fût un temps réputée pour la qualité et la robustesse de ses montures…
La Cappadoce, une Contrée aux 1000 Visages…et 600 Églises!
La Cappadoce, une œuvre de la Nature…
La Cappadoce est un plateau rocheux constitué d’un ensemble de vallées creusées par des années d’érosion, donnant lieu à une incroyable diversité de paysages : chaque vallée est différente et possède sa propre identité. Certaines ressemblent à de vastes mers terrestres, les reliefs lisses et polis des roches friables formant des vagues ondulantes, d’autres présentent d’immenses colonnes de plusieurs dizaines de mètres qui s’élèvent seules ou groupées dans le vaste ciel bleu. Des formations étranges laissent libres cours à l’imagination : de nombreux reliefs ont la forme de « champignons », et dans la Vallée de Devrent, on peut même apercevoir un superbe chameau et une effigie naturelle de la Vierge. Les couleurs des roches diffèrent aussi grandement d’une vallée à l’autre : les noms de Vallée Blanche ou Vallée Rose par exemple sont tout à fait explicites.
Paradis des randonneurs, la Cappadoce se découvre à pied, ou à cheval si vous aimez l’équitation. Dans la Vallée Blanche, vous marcherez entourés par d’immenses vagues de roches blanches, et de « champignons » avant d’arriver devant les immenses colonnes qui, faisant penser à des formes phalliques, sont à l’origine du deuxième nom de la Vallée Blanche, la Vallée de l’Amour. Dans la Vallée de Paşabaği, vous découvrirez les magiques « Cheminées de Fées », qui sont des colonnes pointues surmontées d’un boulet de basalte noire, qui nous laissent bouche bée devant les prouesses architecturales de la nature. La Vallée Rose, aux reliefs assez escarpés, offrent des panoramas sublimes dont les tons rosées s’accentuent lorsque le soleil se couche.
Le second visage de la Cappadoce, l’épanouissement du christianisme
Non seulement dotée d’une richesse naturelle merveilleuse, la Cappadoce est aussi un centre culturel et historique capital de la Turquie.
Très tôt dans l’histoire, des peuplades troglodytes vinrent s’établirent dans la région de la Cappadoce, et creusèrent de nombreuses habitations dans les parois des vallées, travail facilité par la friabilité de la roche. Les Hittites succédèrent aux peuplades troglodytes vers 2000 avant J-C, et après avoir connu l’apogée de leur civilisation, leur empire déclina peu à peu. Les Romains envahirent ensuite la Turquie autour du Ier siècle après J-C et en prirent le contrôle. Cette même époque signe le début de l’extension du christianisme et les premiers chrétiens, souvent persécutés, vinrent se réfugier dans la région de la Cappadoce.
Peu à peu, la Cappadoce devint un centre chrétien de grande importance, et de nombreuses églises furent construites le long des vallées, et ont persisté jusqu’à aujourd’hui. En effet, ces églises, dont les entrées et les localisations sont parfaitement camouflées dans les paysages, ont été protégées de la destruction grâce à leur architecture cryptique et leurs entrées cachées. Ces églises, de taille modeste, sont plus ou moins bien conservées, mais dans de nombreux cas, il est encore possible d’admirer les fresques peintes qui en recouvrent les murs. Aujourd’hui, on dénombre plus de 600 églises troglodytes…un nombre assez impressionnant montrant l’importance de la Cappadoce au niveau de la culture chrétienne !
La Vallée d’Ilhara et la Vallée de Soğanlı sont les meilleurs endroits pour découvrir ces églises cachées : durant votre marche au fond de la vallée, vous aurez l’occasion de pénétrer dans de nombreuses églises dont les entrées sont parfois difficiles à distinguer (mais heureusement des panneaux touristiques sont là pour nous les indiquer !). C’est une expérience assez incroyable alliant nature et culture à la fois !
La plupart des 600 et quelques églises sont éparpillées au sein des vallées mais certaines sont regroupées au sein d’un même endroit : c’est le cas par exemple de Göreme, monastère fondé par Saint-Basile, et habité pendant des siècles par des moines. Attraction phare, Göreme est envahi de touristes, et si vous souhaitez une visite plus tranquille, orientez-vous vers le Monastère de Selime, un incroyable ensemble de bâtiments sculptés dans la roche – on y trouve notamment une cathédrale et plusieurs chapelles. Enfin, si vous souhaitez vous éloignez un peu des sentiers battus, prenez le temps de vous rendre au Monastère de Keşlik et à l’Eglise de Pançarlik où peu de touristes s’aventurent…
Les Pigeonniers, une véritable histoire d’amour entre les pigeons et les habitants de la Cappodoce…
Tout aussi nombreux que les églises – peut-être même plus – on trouve dans quasiment toutes les vallées de grands pigeonniers sculptés à même la roche. Les plus anciens datent de l’époque romaine, et les plus récents du début-milieu du XXème siècle. Grâce aux pigeonniers, les habitants de la Cappadoce récupéraient les fientes des oiseaux et s’en servaient d’engrais pour les cultures, et ce jusqu’à très récemment, c’est-à-dire dans les années 1980. Autrefois florissante, l’agriculture au sein de la Cappadoce n’est plus pratiquée que par quelques familles qui vivent encore dans les vallées, et des vignes sauvages en bordure de chemin sont les témoignages d’une ancienne production vinicole.
Les pigeonniers peuvent être vraiment très nombreux, notamment dans la bien nommée Vallée des Pigeons ainsi que la Vallée de Gomeda, qui elle aussi aurait largement mérité le nom de « Vallée des Pigeons »…
Des profondeurs de la terre jusqu’au ciel : les Citadelles et Villes Souterraines de la Cappadoce
Terre de contrastes, la Cappadoce abrite deux opposés : des forteresses-citadelles vertigineuses perchées au-dessus des vallées d’une part et des villes totalement souterraines s’étendant sur plusieurs dizaines de mètres sous terre d’autre part.
Les premières ont été édifiées sur d’impressionnants pitons rocheux dominant les vallées de par leur hauteur, et ont fait l’objet d’intenses excavations par les populations humaines. Le résultat est impressionnant, l’intérieur de ces pitons rocheux fait penser à un véritable gruyère, creusé de chambres, cuisines, salle de repos et autres pièces reliées entre elles par des escaliers et des galeries. Les premières « pièces » furent creusées par les peuples néolithiques avant d’être investies par les Romaines et autres civilisations successives qui s’en servirent de forteresse. Les Citadelles d’Uçhisar et Ortahisar en sont deux exemples.
A l’opposé de ces citadelles bien voyantes qui s’élèvent au-dessus des autres reliefs, la Cappadoce abrite aussi un ensemble de villes souterraines, la plus impressionnante et la plus connue étant la Cité de Derinkuyu comportant 13 étages souterrains ! Ces villes souterraines furent édifiées par les premiers peuples troglodytes de la Cappadoce. Mais pourquoi aller s’enterrer ainsi sous terre ?
La première raison est probablement la sécurité : la vie souterraine permettaient d’échapper aux ennemis de nature à la fois animale (ours et lion notamment qui peuplaient anciennement la région) et humaine (autres tribus et peuples envahisseurs). Pour les peuples envahisseurs, il était très difficile de s’emparer de ces cités souterrains premièrement à cause de la difficulté à trouver les entrées des cités souterraines, deuxièmement de la difficulté à combattre à l’intérieur des galeries où les autochtones étaient bien plus à l’aise, et troisièmement car les peuples souterrains avaient développé des stratagèmes très efficaces pour bloquer les entrées et différentes galeries en cas d’invasion. De plus, ces peuples troglodytes pouvaient tenir un siège de plusieurs mois dans leur cité, vivant sur leurs réserves aussi longtemps que nécessaire. Une autre raison qui aurait pu mener à la vie souterraine est l’isolation thermique : les habitations troglodytes sont fraîches en été et en hiver, la température est moins basse qu’en surface.
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