Le Mag - Turquie

Rarement une ville aura-t-elle eu l'occasion de représenter un tel trait d'union entre l'Orient et l'Occident. Pourtant, depuis 2600 ans, Istanbul n'a cessé de rayonner dans le monde et d'asseoir sa dominance commerciale, culturelle et politique. Il faut dire que ses fondateurs ne l'ont pas installée là au hasard… Traversée par le détroit du Bosphore, la ville occupe une position stratégique à mi-chemin entre l'Asie et l'Europe.

Au 1er siècle avant J-C., Byzance tombe entre les mains de l'Empire romain d'Orient, dont elle devient la capitale. Elle n'adoptera le nom de Constantinople que quatre siècles plus tard, alors que l'empereur romain Constantin s'en empare. Et alors même que l'Empire romain d'Occident s'effondre dès le 5e siècle, Constantinople maintient sa position stratégique. Au 6e siècle, alors que l'Empire romain d'Orient continue de s'étendre, Constantinople est considérée comme la capitale du monde. Elle sera toutefois pillée par les Croisés au 13e siècle et, deux siècles plus tard, tombera entre les mains des Turcs. Les sultans prennent alors la place des empereurs, et les chrétiens orthodoxes parviennent à préserver leur place dans l'Empire ottoman et à Constantinople.

En 1923, Constantinople perd son statut de capitale de l'Empire ottoman, qui est transférée à Ankara. Sept ans plus tard, elle est officiellement rebaptisée Istanbul.

Aujourd'hui encore, une balade à Istanbul permettra d'approcher les vestiges de ces différentes périodes qui, tour à tour, donnèrent à la ville l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui.

Pendant de nombreux siècles, Istanbul fut considérée comme le centre du monde religieux et politique. C'est donc tout naturellement que les voyageurs auront l'occasion de partir sur les traces de l’Empire Chrétien d’Orient tout au long de leur visite. Et parmi elles, se trouve évidemment Sainte-Sophie, qui fut pendant près de 10 siècles la plus grande église au monde avant d'être transformée en mosquée au milieu du 15e siècle. Ses dimensions imposantes et son architecture unique symbolisent à merveille toute la puissance de Byzance.

Toujours dans le quartier de Sultanahmet, juste en face de Sainte-Sophie, se trouve l'un des monuments les plus connus d'Istanbul : la Mosquée Bleue. Reconnaissable à ses six minarets, elle abrite des peintures et faïences bleues d'Iznik à couper le souffle. On y découvre également le mirhab en marbre blanc, vers lequel les musulmans se tournent pour prier, ainsi qu'une superbe cour aux arcades voûtées…

Plus insolite encore, la Citerne Basilique, aussi connue sous le nom de "Yerebatan Sarnıcı", est l'un des vestiges de l'Empire byzantin les plus spectaculaires d'Istanbul. Cette gigantesque citerne souterraine porte à merveille son surnom de "Palais enfoui" avec ses allures de château souterrain. Elle fut construite sous le règne de l'empereur Justinien 1er au 6e siècle afin d'alimenter en eau le palais byzantin, et dévoile 336 colonnes de 9 mètres de haut, toutes différentes.

Enfin, autre vestige de Byzance à ne manquer sous aucun prétexte, l'église Saint-Sauveur-in-Chora abrite parmi les plus belles mosaïques de la ville. Cet édifice aux proportions plus modestes que Sainte-Sophie fut bâti au 5e siècle et reconstruit au 11e siècle. Fait exceptionnel : au moment de la transformer en mosquée, les Ottomans ont pris soin de recouvrir les mosaïques de chaux, leur permettant de traverser les âges en conservant toute leur splendeur.

Si les vestiges historiques d'Istanbul font sans conteste partie des choses incontournables à voir lors d'un circuit en Turquie, il ne faudra pas hésiter à découvrir la partie plus récente de la ville en traversant le pont de Galata. C'est ici que se trouvent les quartiers de Taksim, Pera et Beyoglu, à l'aspect bien plus moderne que la ville historique. C'est l'endroit idéal pour plonger dans le quotidien des habitants, faire les boutiques, et apprécier l'identité multiculturelle d'Istanbul. La place Taksim, considérée comme le cœur de l'Istanbul moderne, est la partie la plus européenne de la ville. C'est ici qu'était autrefois centralisée la distribution d'eau de la ville. Elle est désormais bordée d'hôtels luxueux, de restaurants et de bars animés, et permet de rejoindre l'Avenue de l'Indépendance, une grande rue piétonne où les locaux et les touristes se plaisent à se balader.

Le quartier de Pera est quant à lui le plus cosmopolite d'Istanbul. C'est ici que se trouvent les ambassades étrangères et que s'installèrent, à partir du 19e siècle, une multitude d'Arméniens, de Juifs, de Turcs musulmans et de Grecs. On peut y visiter l’église Hagia Triada et ses superbes fenêtres décorées de rose, ainsi que la mosquée Aga, bâtie à la toute fin du 16e siècle.

Enfin, le quartier de Beyoglu représente lui aussi une étape incontournable lors d'un voyage à Istanbul, puisqu'il abrite une multitude de monuments intéressants et de sites à découvrir. On peut par exemple visiter la tour de Galata, une construction médiévale située en plein cœur de ville et perchée à près de 67 mètres de hauteur, ou bien rejoindre la fameuse Avenue de l'Indépendance, ou encore visiter le marché aux poissons de Galatasary pour une immersion absolue. C'est également au carrefour de ces quartiers que se trouve le musée d’art moderne d’Istanbul, un musée dédié à l'art contemporain qui a ouvert ses portes en 2004 et met principalement à l'honneur les artistes locaux.