Le Mag - Ouzbékistan

Si l'histoire de Khiva a tendance à se perdre et à se fondre dans le temps, c'est pour toujours mieux mélanger légende et réalité. Selon la tradition, la ville aurait été fondée par Shem, fils de Noé, qui y aurait creusé un puits encore visible aujourd'hui dans l'Itchan Kala. Mais si cette origine mythique se veut séduisante, les premières traces écrites de Khiva remontent en réalité au Xe siècle.

Située sur la Route de la Soie, Khiva s'est développée comme une oasis importante pour les caravanes traversant le désert. Son histoire est marquée par de nombreuses conquêtes, puisque la ville a successivement subi les assauts d'Alexandre le Grand, des Arabes, de Gengis Khan et de Tamerlan.

C'est en 1598, lorsqu'elle devient la capitale du khanat de Khiva suite au changement de cours de l'Amou-Daria, que le véritable essor de Khiva débute. Cette période marque le début de son âge d'or – entre le XVIIIe et le XIXe siècles – avec la construction de ses plus beaux monuments.

Mais malgré sa prospérité, Khiva devient tristement célèbre pour son marché aux esclaves jusqu'à l'intervention russe en 1873. La ville perd son indépendance en 1920 avec l'arrivée des Soviétiques, mais conserve son patrimoine architectural exceptionnel, reconnu par l'UNESCO en 1990.

Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, la citadelle fortifiée est un témoignage exceptionnel de l'architecture musulmane d'Asie centrale. Protégée par des murailles de brique impressionnantes s'élevant à une dizaine de mètres de hauteur, l'Itchan-Kala s'étend sur plus de 25 hectares. À l'intérieur, l'on y découvre un véritable musée à ciel ouvert, avec plus de 50 monuments historiques et 250 anciennes demeures, datant principalement du XVIIe au XIXe siècle.

Parmi les édifices à ne pas manquer, citons la majestueuse mosquée Djouma avec ses 112 colonnes antiques, les mausolées finement décorés, les médersas aux façades ornées de céramiques bleues et les somptueux palais construits au début du XIXe siècle par le khan Alla-Kouli.

L'Itchan-Kala est accessible par quatre portes monumentales : Ota Darvoza à l'ouest, Palvan Darvoza à l'est, Tach Darvoza au sud et Bogcha Darvoza au nord. Autrefois essentielles à la défense de la cité, ces entrées sont aujourd'hui des points de repère pour les visiteurs.

Restaurée à de multiples reprises, notamment par les Soviétiques à partir de 1975, l'Itchan-Kala est parvenue à préserver son authenticité et nous propose désormais une profonde immersion à travers la Route de la Soie.

Le minaret Kalta Minor

Véritable emblème de Khiva, le Kalta Minor est un minaret inachevé du XIXe siècle reconnaissable à sa silhouette tronquée et à ses mosaïques éclatantes. Commandé en 1851 par le khan Muhammad Amin, ce minaret de 14,2 mètres de diamètre devait être le plus haut d'Asie centrale.

La médersa Muhammad Amin Khan

Adjacente au Kalta Minor, cette imposante médersa est la plus grande d'Asie centrale. Construite au XIXe siècle, elle comprend 125 cellules réparties sur deux étages et pouvait accueillir jusqu'à 260 étudiants. Ses façades richement décorées et ses balcons particuliers en font un chef-d'œuvre de l'architecture islamique.

Le mausolée de Pakhlavan Mahmoud

Dédié au saint patron de Khiva, ce mausolée est considéré comme le lieu le plus sacré de la ville. Construit au début du XVIIIe siècle, on le reconnaît à son magnifique dôme turquoise et à ses intérieurs ornés de céramiques bleues et blanches. Le complexe comprend également une mosquée et une ancienne médersa.

Le complexe Islam-Khoja

Érigé en 1910, il comprend une médersa et un minaret de 56 mètres, le plus haut de Khiva. Le minaret est visible de presque partout dans la vieille ville et représente l'un des derniers grands accomplissements architecturaux de l'ère islamique en Asie centrale.

Le Kunya-Ark

Cette "forteresse dans la forteresse" a été construite à partir de 1688 à l'intérieur des murs d'Ichan-Kala. Elle servait de résidence aux khans de Khiva et abritait des mosquées, le bureau du khan, le harem et d'autres bâtiments importants.

Visiter Khiva, c'est aussi s'offrir une immersion totale dans la culture et les traditions ouzbèques. L'artisanat local, notamment, continue de prospérer grâce à l'Association des artisans du Khorezm. Emblématique de la ville, la sculpture sur bois orne portes, colonnes et meubles. Les maîtres sculpteurs utilisent principalement le bois d'orme local, préservé avec de l'huile de coton ou de lin.

Autres traditions encore bien ancrées : la céramique et la peinture d'art. D'ailleurs, les artistes locaux participent activement à la restauration des monuments historiques et à la décoration des bâtiments modernes !

Pour une expérience authentique, nous vous conseillons de visiter l'atelier de fabrication de tapis en soie. Vous y découvrirez les motifs floraux caractéristiques de Khiva et les méthodes traditionnelles de teinture des fils.

Côté gastronomie, ne manquez pas de goûter au "tukhum-barak", des sortes de raviolis farcis d'œufs crus, et au "Shivit Osh" ou "Lagman vert", des nouilles colorées avec des herbes locales.