Au nord de la Mongolie, aux pied des monts Sayan à la frontière avec la Russie, le lac Khuvsgul (prononcer «jouvsgoul» avec la jota espagnole) est une entité mythique pour le peuple mongol, qui le nomme «Mère-Océan» ou encore «Perle Bleue». Légende vivante dans l’histoire des steppes, il a d’abord été nommé «Kevsgul» par les populations turques au début du premier millénaire, nom signifiant «Lac riche en eau», et nombreux sont les contes relatant sa création.
Khuvsgul, la Perle Bleue de la Mongolie
En route... des paysages fantastique
Lorsque vous entrez dans la vallée de la Egiin Gol, par la piste du sud venant de Murun, peu d’indices laissent à penser que vous vous rendez vers l’un des plus grands lacs d’Asie Centrale.
La rivière Egiin serpente en méandres, bordée de collines boisées, et autour des quelques campement de yourtes, îlots de vie dans ces étendues sauvages, paissent les troupeaux de yacks, moutons, chèvres et chevaux. De leur marche paisible, ils animent ces paysages gigantesques, grandes vallées ouvertes façonnés au cours de la dernière glaciation, dont le sol recèle encore une épaisse couche de permafrost. Le ciel immense semble seul témoin de cette vie pastorale nomade, qui se perpétue depuis plus d’un millénaire, tradition ancrée dans le coeur des hommes, depuis les premiers Xiongnu (ancêtres des Huns) qui peuplaient la région au IVème siècle jusqu’au «renouveau nomade» après la chute de l’U.R.S.S. en 1990.
Après uen longue route, la merveille apparait
Après plus de 3 heures de route, la piste se faufilant de cols en cols, une étendue bleue émerge au travers des forêt, s’élèvant par delà les cimes des arbres, Khuvsgul s’offre enfin à la vue : masse d’eau titanesque nichée sur le toit de la Mongolie, à plus de 1600m d’altitude. Ses flots se colorent d’une palette de bleus variant avec le jeu du soleil et des nuages, évoquant parfois le turquoise des caraïbes ou le sombre de l’océan arctique, et le lac semblerait infini si quelques montagnes ne venaient s’élever au nord, géants minéraux trônant aux portes de la Sibérie.
Issu de la même faille tectonique que le lac Baïkal, le lac Khuvsgul contient 70% de l’eau douce de Mongolie, ses eaux s’écoulent lentement par la rivière Selenge, qui se jette dans le Baïkal, puis rejoignant la Ienisseï, elles se fondent dans l’ocean arctique. Un climat hyper continental règne sur la région, avec des amplitudes thermiques de plus de 70°C! L’hiver les températures atteignent parfois -40°C, et le lac commence à geler au mois de décembre, figeant la nature dans un silence polaire.
Deux chaînes de Montagnes plongent dans ce lac immense : les Khooridol Saridag à l’ouest et les monts Sayan au nord. Ces massifs acérés, parfois hostiles, culminent a plus de 3000m, ils sont l’écrin de la Perle Bleue, gardiens aux sommets parés de neige, abritant une vie encore sauvage, et les incursions humaines y sont de rares exceptions : seules quelques routes tracées par les migrations des nomades sillonnent en leur coeur, on y croise parfois un groupe de chasseurs partis en excursion pour plusieurs jours, une famille de nomades rejoignant les lieux d’estivage ou d’hivernage.
Les paysages alentour mêlent steppe, reliefs alpins, et taïga, forêts de mélèzes de Sibérie abritant ours, loups, élans, rennes, ainsi que d’autres nombreuses espèces de mammifères, plantes et oiseaux, figurant sur la liste rouge de l’IUCN (répertoire mondial des espèces protégée). L’ombre furtive du Léopard de neiges plane aussi sur la région, mais bien chanceux celui qui croisera sa route...La zone a été placée sous la protection d’un parc national en 1992, avec plusieurs réserves strictement protégées, afin de préserver cet écosystème unique.
Entre Ethnies et Traditions
Khuvsgul est célèbre pour sa mosaïque ethnique : Bouriates, Darkhads, Uriankhaï...et sans doute la plus connue d’entre elles, les Tsaatans. Ces éleveurs nomades de rennes tirent leur nom du mongol «Tsaa», le renne («Tsaatans» signifiant «avec des rennes»), mais ils se nomment eux-même «Dukhas». Originaire de Sibérie, nomade depuis plusieurs millénaires, cette population vit aussi de chasse et de cueillette, et parcourt la Taïga au fil des saisons à la recherche du lichen, plante indispensable à l’alimentation du renne. L’hiver ils poussent leur route jusqu’a l’extreme nord du pays, où se trouve la Toundra, et ils y établissent leur camps de tipis, faisant paître leur rennes dans un climat glacial, dans l’attente du printemps.
Malgré la diversité, un lien unit toutes ces ethnies du nord de la Mongolie : la religion animiste. Les esprits de la Taïga sont les acteurs incontournables de l’univers sibérien, influant sur la santé, richesse, bonheurs et malheurs du quotidien...aussi le lac Khuvsgul est-il réputé pour ses chamans, supposés tirés leurs pouvoir de ce lieu sauvage, et l’on vient de toute la Mongolie afin de les consulter.
Célèbre, la région l’est aussi par ses traditions : travail du bois, fumage du poisson, vêtements en laine de yak, traineau à cheval sur la glace en hiver...cultures sibérienne et mongole se métissent en ce lieu, dont les villages furent un temps comptoirs d’export des produits russes.
Aujourd’hui le nomadisme perdure, ainsi que la vie traditionnelle des villages, mais la chute du communisme à laissé des traces : les infrastructures se sont detériorées, peu d’activités économiques...dans cette enclave loin des centres de décisions, oubliée des grands dessins politiques, la population essaie de se convertir à l’écotourisme afin de générer des fonds pour l’initiation de micro-projets de développement locaux, et pour la protection de cet environnement exceptionnel.
Ainsi se développent de différentes propositions pour découvrir le lac et sa région : excursions hivernales en traineau à chien, ou cheval, ascencions, séjours chez les communautés locales, randonnée à cheval ou à pieds, découverte et observation de la faune et la flore encadré par des rangers du parc national...
Quelque soit l’expérience que l’on vit à Khuvsgul, on ne peut rester indifférent à l’immensité des paysages, insensible à la puissance quedégage cet espace sauvage. La chaleur des populations locales vivant au coeur de cette nature vierge font de toute rencontre une expérience humaine forte et inoubliable...Un thé partagé sous la yourte, une journée chez les éleveurs nomades Uriangaï, un séjour en compagnie des Tsaatans, l’authenticité partout présente confère à ce lieu un charme peu commun.
Le lac Khuvsgul, une perle à ne pas manquer en Asie centrale, pour les amoureux de voyages authentiques!
Bon voyage …
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