A tout juste deux heures et demie de route d’Athènes, se trouve les restes d’une cité byzantine fortifiée sur les flancs du Taygète, Mistra. Cette cité médiévale a été classée monument historique appartenant au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO depuis 1989. Les ruines de son palais, les églises et les monastères témoignent de la gloire d’un empire byzantin qui a marqué l’occident et l’orient pendant dix siècles. Le voyageur parcourant les pentes du Taygète recouvertes d’une nature généreuse où orangers, citronniers, oliviers et figuiers parfument les lieux, découvre la splendeur de l’ancienne cité située à presque sept cents mètres d’altitude.
Mistra dans le Péloponnèse
1000 ans d’histoire au sein d’une nature flamboyante
Naissance de la cité de Mistra
Le château de Mistra est construit après la prise et le pillage de Constantinople en 1204 par le prince franc Guillaume II de Villehardouin qui voulait pouvoir contrôler toute la vallée de l’Eurotas (fleuve de Laconie) particulièrement prospère. Ensuite, Sainte Sophie, chapelle du palais, sera construite par Emmanuel Cantacuzène, premier despote de Mistra au quatorzième siècle. Cette chapelle aux lignes architecturales byzantines : type cruciforme à deux tours et arches extérieures à trois pans, a servi au couronnement du dernier empereur de Byzance. On peut encore voir des icônes comme celle de la naissance du Christ et le don offert par une femme dont l’habillement dénote l’appartenance à l’aristocratie de l’époque. La chapelle a été rénovée il y a une dizaine d’années et elle vaut vraiment le détour. On peut juste regretter les dégâts causés à certaines icônes dont les yeux sont burinés, par les Ottomans après la prise de Constantinople.
Même s’il reste seulement des vestiges, les lieux ne donnent pas une impression d’abandon. Si les Cantacuzène et les Paléologue régnant sur la cité ne sont plus qu’un souvenir, un des monastères qu’on peut découvrir, parcourant le sentier, est toujours habité, le monastère de Pantanassa’s. Il offre au voyageur en plus d’un sourire et d’une conversation (pour ceux qui maîtrisent la langue grecque), un verre de liqueur de griotte, quelques fruits confits ou encore un thé de la montagne, produits caractéristiques de la région. Les sœurs Acacia et Agni nous donnent une parfaite définition de Mistra : pleine de monde et isolée. Même si à certaines périodes de l’année, les autocars se pressent en bas des pentes du Taygète pour visiter ce lieu exceptionnel, on n’a jamais l’impression de trop plein qui caractérise certains sites archéologiques. La nature omniprésente et l’aura que dégage l’ensemble du site y contribuent. Ce paradoxe apparent seulement, fait de Mistra un lieu où on prend plaisir à revenir. Continuant la descente dans les petits chemins ou ruelles parfois, on trouve la cathédrale de Saint Dimitrios dont la forme définitive date du quinzième siècle. L’aile ouest abrite le musée de Mistra.
Mistra et ses alentours : les plaisirs épicuriens
Si le site proprement dit de Mistra enchante, les alentours de ce site magnifique méritent un détour. En se dirigeant vers le village de Mistra, on rencontre des petites tavernes pittoresques qui offrent aux voyageurs des saveurs du terroir. Pour les amateurs de viande, le porc fumé ou sous forme de pâté est excellent. Les saumons et truites sont savoureuses, l’Eurotas, en effet, est riche en poissons. Enfin, la région est connue pour ses pâtes traditionnelles et ses fromages comme le kefalotyri. Les végétariens ne sont pas oubliés, les herbages sauvages qui poussent sur les pentes du Taygète, constituent la base de quiches délicieuses.
Mistra et ses alentours sont devenus le centre d’un tourisme plus épicurien. Les palaces, resorts et spas divers ont fait de Mistra une destination autonome pour certains. Le voyageur s’immerge dans ce qu’on nomme les « nouveaux palais » de Mistra où les services offerts (spa où sont prodigués des soins fondés sur la thérapeutique antique grecque et chinoise) sont à la fois très variés et de très haute qualité. Leur architecture est impressionnante de luxe : marbre, onyx, métal, pierre…Les repas qui en dehors d’une gastronomie recherchée, se fondent sur le principe convivial du banquet : de longues tables étroites pour le « partage » du repas. Mistra peut également devenir le point de départ de petites excursions journalières vers Monemvasia, Mani et l’île de Cythère.
Cette coexistence entre le traditionnel que constituent les petites tavernes et pensions en pierre taillée dans les ruelles de Mistra et le luxe contemporain des palaces, est en harmonie avec le décor et ne nuit pas à l’image de la cité.
A la découverte des trésors naturels de Mistra
Des randonnées sont organisées au départ de la place du village de Mistra et la majorité des hôtels sont en connexion avec le club alpiniste grec de Sparte (EOS) qui les organise. Les promenades sur le Taygète avec en contrebas la rivière Eurotas sur les rives duquel, Zeus aurait séduit Léda sous la forme d’un cygne sont la promesse d’une marche dans un cadre grandiose. Sur un des sommets, le marcheur peut admirer la chapelle du prophète Elie (les chapelles consacrées à ce prophète se trouvent toujours sur les sommets).
A une heure et demie environ à l’ouest de Mistra, se trouve une grotte à ne pas rater, la grotte de Dirou. Les stalactites et stalagmites d’un blanc étincelant forment de longs rideaux impressionnants dont les coins de cristal ornent l’ensemble, sont une véritable merveille.
A moins de deux heures, le lac marin de Geraka, seul fjord de Grèce est un endroit protégé par le réseau Natura 2000 à ne pas manquer. Sa faune marine est exceptionnellement riche : crabes, homards, sargues, crevettes et poissons qu’on ne trouve qu’en méditerranée comme la dracaina (poisson rouge à épines acérées).
La découverte de Mistra, c’est à la fois un émerveillement face à une nature tellement généreuse mais aussi face au génie et au sens esthétique de l’homme qui a choisi le meilleur emplacement pour montrer son génie. C’est sans doute pour cela qu’elle séduit tout le monde, chacun pour une raison différente.
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