J’ai fait élection de domicile sur le versant méridional du Haut Atlas Occidental, à une heure de route ou de piste de Taroudant, au pied du Jbel Aoulime qui culmine à plus de 3500 m. Béni par une source pérenne se gorgeant d’eau à la fonte des neiges ou la moindre pluie, le pittoresque village berbère d’Afensou s’enorgueillit de sa situation privilégiée, au confluent de deux vallées encaissées jalonnées de jardins et de canaux d’irrigation.
Sur les coteaux, l’arganeraie. Le long de l’oued, oliviers et caroubiers. Sous les larges feuillages, une agriculture de subsistance, à base d’orge, de maïs, de luzerne principalement. Il y a peu, Hafida, l’aînée d’une famille nombreuse, vaquait au jour le jour aux tâches ménagères attribuées par sa mamam, sans se soucier du lendemain et en rêvant d’un hypothétique fiancé qui ne se révèlerait pas un trop mauvais parti. Tel jour, elle se rendait au torrent pour y laver le linge ou les nattes de longues heures durant.
Tel autre nécessitait de se rendre en plein cagnard loin dans la forêt d’arganiers pour y ramasser le bois. Et sans discontinuer devait-elle préparer les différents tajines pour toute la famille de même que des dizaines de galettes de pain qui constituent le premier aliment de base. Et ramener du centre du village et des champs avoisinants des charges d’eau à dos d’âne et des gerbes de fourrage pour le bétail à dos de femme.
Entre deux travaux, il restait toujours quelques gros sacs de fruits d’argan à écaler et émonder. Point de repos hebdomadaire, seules les fêtes de mariage offrant quelque répit ou distraction. Point de loisir vraiment : seuls les garçons ont le droit de se baigner en petite tenue dans les vasques de l’assif ou dans les cascades des gorges toutes proches.