Bien souvent, les touristes affluent vers l’hyper centre de Séville afin de découvrir ses principaux intérêts touristiques, entre le Real Alcazar, le barrio de Santa Cruz ou encore la Plaza de España…au risque parfois de délaisser la belle Triana. Et pourtant, ce quartier a beaucoup à offrir, comme en témoigne son riche passé historique.
Tout commence près du fleuve Guadalquivir où se dresse l’imposant château Saint-Georges construit au Xème siècle par les Almohades. Cette dynastie d'origine berbère l’avait bâti dans le but de protéger une partie de la ville contre les chrétiens tentant de reconquérir la région. A l’origine donc, Castillo de San Jorge, comme on le nomme en espagnol, était utilisé par les Arabes pour se défendre en cas d’attaque. La prise du château tant redoutée a finalement eu lieu en 1248. En effet, le roi Fernando III est parvenu à conquérir la ville de Séville en attaquant ce fameux château !
Environ deux siècles plus tard, l’image du château s’assombrit lors de l’Inquisition espagnole, période durant laquelle tous les actes non orthodoxes dans les royaumes d'Espagne étaient punis. Le château est alors devenu le premier siège espagnol de la Cour de la Sainte Inquisition ! Lieu de condamnation, le château a également servi de prison. Pendant 300 ans, des milliers d’hérésies ont ainsi été persécutés, torturés et exécutés.
Aujourd’hui, le château San Jorge n’est plus ce qu’il était. En raison de son mauvais état, celui-ci a été détruit. Il est tout de même possible d’en contempler ses vestiges au Centre Thématique de la Tolérance. En effet, depuis 2009, le château de San Jorge, ou du moins ce qui en reste, sert de lieu de réflexion. Se remémorer et analyser les atrocités commises dans le passé dans l’idée de se reconstruire, voilà l’objectif de ce musée. Au programme de la visite : retour sur l’histoire de l’Inquisition, découverte des vestiges du passé à travers les cellules, les caves ou encore les maisons d’inquisiteurs.
On comprend mieux pourquoi Triana se veut si rebelle aujourd’hui ! C’est son passé qui l’a façonné ainsi. Précisons également que dans les années 1850, seul un pont flottant reliait le quartier au reste de la ville… Totalement délaissé, le district était le lieu où l’on envoyait tous les indésirables, les marginaux, ceux qui ne répondaient pas aux codes de la société ! Fiers de leur patrimoine et de leur singularité, les habitants de Triana se démarquent aujourd’hui par leur rapport tout particulier à l’art.