Préservée et extrêmement diverse : ainsi pourrait-on résumer l'Albanie. Les contingences politiques l'ayant longtemps isolée du reste de l'Europe, les étrangers commencent à peine à découvrir ce petit pays situé entre les Alpes et l'Adriatique, dans les Balkans. La grande beauté de ses paysages naturels, rivières de montagne et plages de sable blanc incluses, ne doit pas faire oublier l'impressionnant héritage historique de l'Albanie qui fut selon les époques un nœud d'échange ou un lieu d'affrontement, entre les Grecs, les Romains, les Byzantins et les Ottomans…
Chacune de ces grandes civilisations a laissé des traces que l'on peut, encore aujourd'hui, admirer. Berat et Gjirokäster, deux villes particulièrement bien conservées situées au sud du pays, ont été inscrites au Patrimoine de l'UNESCO respectivement en 2008 et 2005. Découvrons-les...
L'Incroyable Richesse de Berat et Gjirokäster
Icônes Orthodoxes et Architecture Ottomane
Berat, une forteresse, des églises, des mosquées…
Fondée il y a plus de 2 500 ans, la ville de Berat s'étale de part et d'autres de la rivière Osum. Gorica, le quartier chrétien, est située sur sa rive gauche, tandis qu'on trouve sur la rive droite Mangalem, le quartier musulman, et la Kala, la forteresse, sur les hauteurs.
Perchée sur les flancs de la montagne, la Citadelle attire le regard. Ses maisons blanches, ses murs épais, et le château qui le surplombe transportent le voyageur dans une autre époque. Toujours habitée, la place forte a été détruite et reconstruite plusieurs fois depuis le IIe siècle avant notre ère, mais on y voit encore de nombreux édifices médiévaux : des églises, des mosquées, les murailles crénelées, les réservoirs d'eau enterré...
La juxtaposition des lieux de prières catholiques, orthodoxes et musulmans témoigne de la capacité à cohabiter des différentes communautés. En marchant dans les petites ruelles dont les pavés clairs serpentent entre de très vieux murs, on peut ainsi passer de l’Église Saint-Théodore à la Cathédrale de la Dormition, puis à la Mosquée Rouge !
Sur place, pour éviter de trouver porte close, le plus simple est de faire la visite avec un guide local. En effet, certaines églises sont fermées à clef et seuls les professionnels du tourisme disposent du précieux sésame. De plus, c'est l'occasion d'en apprendre davantage sur les péripéties qui ont vu la ville passer de la domination bulgare au joug ottoman, de l'influence grecque à l'invasion latine...
Des Musées .... Et mille fenêtres !
Si Berat ne peut que séduire les passionnés d'histoire, c'est aussi grâce à la présence de plusieurs musées de grande qualité. A l'intérieur-même de la forteresse, on trouve le Musée National des Icônes d'Onufri. Onufri est un peintre albanais du XVIe siècle, notamment célèbre pour son style réaliste et pour avoir introduit la couleur rose (auparavant inusitée) dans les icônes. Ces dernières ont une importance très particulière dans le rite orthodoxe, et le musée permet d'en apprécier la diversité : sur des panneaux de bois finement sculptés, elles sont présentées les unes à côté des autres, et l’œil se perd au milieu de l'abondance de couleurs chatoyantes et de dorures !
Quant à l'autre musée incontournable, il s'agit du Musée d'Ethnographie de Berat, où les objets du quotidien laissent les visiteurs voyager au fil des siècles, en découvrant les outils utilisés pour l'artisanat et l'agriculture dans cette région albanaise.
Enfin, la personnalité de la ville doit beaucoup à l'architecture ottomane. Connue sous le nom de ville aux mille fenêtres, Berat est réputée pour ses maisons typiques : des toits presque plats en tuiles, des arcades blanches, et surtout, des fenêtres sur toute la façade. La présence de nombreuses mosquées, donc certaines sont très belles, vient également illustrer l'intégration de Berat à l'empire ottoman pendant des siècles : la Mosquée de plomb, dans le quartier de Mangalem, qui tire son nom des matériaux utilisés pour la réalisation de sa coupole, vaut en particulier le déplacement.
Gjirokäster, la "Ville de Pierre" et ses Maisons à Tourelles
Pour les amateurs de littérature, Gjirokäster (parfois appelée Gjirokastra) est avant tout la ville natale d'Ismaïl Kadaré, écrivain albanais contemporain bien souvent pressenti pour le Prix Nobel de Littérature. Ceux qui aiment se pencher sur le passé remarqueront que c'est aussi là qu'est né Enver Hoxha, le dictateur ayant couvert l'Albanie de bunkers des années 1950 aux années 1980...
Mais si la ville fait généralement partie des étapes immanquables d'un circuit en Albanie, c'est avant tout pour sa beauté architecturale. Située comme Berat dans une région relativement escarpée, elle se compose d'une citadelle dominant le reste de la ville, dont les maisons s'accrochent en grappes le long des pentes de la colline. Les rues pavées grimpent rapidement de la vallée vers les hauteurs, sinueuses et usées entre les maisons gris clair : des murs aux toits, nulle trace de brique ou de chaux, l'ensemble étincelle et a donné à Gjirokäster son surnom de "ville de pierre". Les maisons très typiques de la tradition albanaise, avaient souvent été construites par des riches familles, et comportent parfois des tourelles ; loger sur place permet d'en admirer l'aménagement intérieur, généralement lumineux et très soigné, avec des fresques florales pour certaines d'entre elles.
L'incontournable château...
Il faut bien sûr visiter le château de Gijirokäster (le deuxième plus grand des Balkans). Celui-ci abrite un musée aux collections variées, de la peinture réaliste soviétique aux canons italiens de la IIe Guerre Mondiale, en passant par des expositions de photographie. Des couvents de derviches et d'anciennes prisons sont aussi dans l'enceinte de la forteresse.
Plus bas, le Musée Ethnographique est situé dans la maison-même d'Enver Hoxha.
Pour mieux s'imprégner de l'ambiance locale, il ne faut pas manquer le Vieux Bazar, au coeur du centre-ville : très fréquenté par les locaux, il permet de s'immerger dans la culture albanaise actuelle. C'est l'occasion de se laisser tenter par l'une des délicieuses spécialités culinaires.
Le Qifqi, typique de Gjirokäster, est un plat à base de riz, d'oeuf et d'épices. Des fromages de chèvres sont aussi proposés en abondance dans les échoppes animées du centre-ville. Et pourquoi ne pas s'arrêter dans l'un des innombrables bars et cafés pour prendre un verre en contemplant les montagnes environnantes ?
LE VOYAGE AUTREMENT.COM