Al-Karak et son château fort croisé
Kerak, également appelé Al-Karak, est une ville marquée par une histoire conflictuelle. Les impressionnantes murailles du château fort, dressées en haut d'un plateau rocheux, sont là pour le rappeler.
Des origines variées
L'endroit semble avoir été habité depuis des millénaires. Mais c'est après la conquête romaine en 105, puis le développement de la culture hellénistique dans l'empire, que Al-Karak, alors appelée Kharkha, prend une place importante dans la région. La ville devient même un centre religieux de premier plan sous l'empire byzantin et le christianisme y reste prédominant, même après les invasions arabes.
La construction du Kerak de Moab
Aussi, lors de l'établissement du royaume de Jérusalem, les Croisés jugent-ils essentiel de fortifier la région d'Al-Karak, qui appartient alors au nouvel État. C'est Payen le Bouteiller qui va diriger les opérations de constructions, lesquelles s'inspireront à la fois des techniques franques, byzantines et arabes. Il faut dire que l'endroit se prête parfaitement à des travaux de fortification : situé sur un plateau à 1000 mètres d'altitude, le fort domine toute la vallée et permet de surveiller le passage des caravanes. De plus, de profondes douves (jusqu'à 20 mètres de profondeur) sont creusées à même la roche, et la muraille épaisse vient protéger la place militaire, mais aussi la cité. La ville gagne alors la réputation d'être imprenable.
La chute du royaume de Jérusalem
En 1177, Renaud de Châtillon, aventurier dont le courage n'avait d'égal que le manque de scrupules, devient le maître des lieux grâce à son mariage avec l'héritière du fort. Fin stratège, il est aussi brutal et son caractère violent le conduira à sa perte. En effet, il décide d'attaquer les caravanes et les pèlerins musulmans passant à proximité. L'insécurité grandit alors et pousse Saladin à entreprendre des mesures radicales. Après plusieurs sièges et plusieurs combats, la ville tombe en 1187. Ce sera l'annonce de la fin du royaume de Jérusalem...
Le château est relativement préservé lors de la conquête musulmane, et il est même agrandi en 1263 par le Mamelouk Baybars. Toutefois, Ibrahim Pacha décide en 1840 la destruction d'une part conséquente des murailles. Aujourd'hui le lieu reste malgré tout majestueux. Et le musée archéologique présent dans le château permet d'approfondir l'histoire d'Al-Karar et des Croisés en Jordanie...