Seule une quarantaine de milliers d'habitants peuplent cette zone naturelle, et plus d'un tiers d'entre eux vivent dans de tout petits villages. Bien souvent, l'exploration du Delta du Danube se fait en partant de la ville de Tulcea ; c'est ici que le fleuve se sépare en plusieurs cours d'eau, que les routes carrossables disparaissent, et que l'on entre dans un territoire où la nature domine. De là, il est possible de suivre le bras de Chilia, vers le Nord et la frontière ukrainienne, ou bien de partir vers Sulina ou Saint-Georges, deux villes portuaires roumaines. Les déplacements se font sur l'eau...
Pour ce faire, les pêcheurs utilisent traditionnellement une Lotca aux pointes relevées. Grâce à son fond peu profond et à sa forme particulière, l'embarcation se faufile jusque dans les canaux les plus étroits du Danube, où la frontière entre fleuve et marais s'efface dans de vastes étendues de roseaux. Pour la pêche d'animaux plus importants, ils privilégient l'usage des mahonnes, gros navires particulièrement adaptés à la pêche des esturgeons, ces étranges poissons préhistoriques qui peuvent mesurer plusieurs mètres et dépasser la tonne.
Dans le delta, les habitations sont souvent organisées autour d'un puit qui fournit de l'eau potable, et arborent de pittoresques toits de chaume. Et toute reculée qu'elle soit, la région possède ses propres monastères. Les plus célèbres sont probablement ceux de Batag, Saon, et Cocos. Il est toujours impressionnant de découvrir un tel raffinement dans la décoration intérieure des lieux de culte, à quelques mètres de la berge herbeuse du canal…
La culture locale peut sembler un peu différente de celle du reste de la Roumanie. Et pour cause : les Lipovènes, une minorité russophone, y sont très nombreux.