Blotti aux pieds de l’Himalaya dont les tableaux luxuriants ont le pouvoir de dépayser, le parc national royal de Chitwan est l’un des joyaux incontournables lors d’une virée au Népal. Considéré comme l’une des perles d’Asie, de par sa faune et sa flore, il s’étale sur près de 932km² au cœur de la région du Teraï, trônant ainsi en tête de liste des plus illustres sites conservés au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984.
Chitwan, un parc national d'une valeur exceptionnelle
Du côté de... la Faune
Cette réserve, qui fut également un ancien domaine royal, diversifie ses paysages aussi bien que ses couleurs : marécages, points d’eau s’écoulant au fil de la rivière Rapti, forêts mystérieuses et prairies verdoyantes se succèdent tour à tour sur le fond de ce qui pourrait préfigurer la toile d’un peintre. Certains y voient une source d’inspiration, de méditations, un lieu de travail, d’observations scientifiques ou bien simplement un pays de cocagne idéal pour une escapade en familles ou entre amis.
Quelques soient les motivations, accorder quelques précieuses minutes à ce bijou de la nature ne pourrait qu’être positif. Vous n’y trouverez pas d’excès matériels, de technologies ou d’immenses tour de verre mais plutôt un territoire vierge, un tableau, d’où vous pourrez voir émerger des tâches vibrantes : des rhinocéros unicornes vêtus de boue, des pythons majestueux, des daims aux yeux perçants, des singes en action, plus de 450 espèces d’oiseaux, des caïmans magnifiques, des léopards gracieux, hyènes moqueuses ou légendaires ours lippus, mais surtout vous serez peut être LE chanceux du parc … celui ou celle ayant pu apercevoir ce qui fait le fantasme de tous les autres, l’un des 120 tigres du Bengale, célèbres par Nature.
Ainsi les qualités géographiques, florales, et climatiques du parc favorisent l’épanouissement d’un grand nombre d’animaux. Refuge majeur de rhinocéros à une corne, habitat privilégié des tigres du Bengale dont il préserve l’existence, le parc se dote d’une diversité animale assez impressionnante. En outre, il héberge plus de 50 races de mammifères, 60% des oiseaux et des poissons, ajoutés à 34% des amphibiens et reptiles. On y dénombre aussi 67 mosaïques de papillons pour les férus de ces êtres éphémères.
Du côté de... la Flore
En Népalais Chitwan signifie « le cœur de la jungle ». La densité de sa flore a, en effet, permis la conservation de l’une des ultimes populations de rhinocéros à corne d’Asie de même qu’il abrite les dernières espèces de Tigre du Bengale, flambeaux d’une illustre lignée animale qui menace de s’éteindre. Non seulement d’être l’essence des fantasmes touristiques, ses différentes composantes fluviales illustrent des phénomènes géologiques en constante évolution.
Grâce à ses paysages fluviaux d’une rare beauté combinés à une flore diversifiée, le parc est doté d’un arrière-plan montagneux avec des falaises abruptes. Les rivières Narayani et Gandaki contribuent à l’alimentation des prairies ondulantes, nichées près des fleuves, ou bien des forêts touffues sur les versants escarpés. Des terrasses alluviales parachèvent le spectacle. On y trouve notamment une espèce unique d’arbres le « Shorea ribusta » couvrant 70% des terrains. Source principale de bois de la région, on l’emploie couramment pour la construction de meubles ou d’armatures de bateaux.
Le fil de l’histoire...
Suite à sa création en 1973, le parc bénéficiait néanmoins d’une protection depuis le XIXème siècle grâce aux zones de chasse qu’il couvrait. En 1911 le roi d’Angleterre Georges V accompagné de son fils alors assigné au statut de Prince de Galles, firent du territoire le sujet d’une boucherie sanglante. C’est au cours de ce safari qu’ils tuèrent 18 rhinocéros et 39 tigres bien que le titre de réserve de chasse ait permis de protéger un grand nombre de tigres au risque de certaines pertes.
Seules de petites communautés villageoises comme la tribu indigène « Tharu » y vécurent jusqu’au milieu du XXème siècle. A cette époque le paludisme sévissait sur les lieux au point qu’on eut besoin de pulvériser le parc au DDT en 1954, après quoi les populations montagnardes s’y installèrent à long terme. Leur migration dans la région engendra une destruction massive des écosystèmes. Les forêts furent remplacées par des terrains agricoles et la main humaine, par des d’actions néfastes, a eu des conséquences visibles sur les espèces environnantes.
En 1960, seule une centaine de rhinocéros et une poignée de tigres purent survivre si bien que le roi Mahendra décida d’en faire un refuge royal. Quelques populations furent délocalisées mais le braconnage n’en fut pas moins stoppé au détriment de plusieurs centaines d’espèces. C’est la principale raison pour laquelle les animaux finirent par subir une extinction progressive. Ils ne purent connaitre une croissance qu’à la suite d’une action impériale. En effet, à la fin des années 60, on y introduisit des troupes chargées de la protection des espèces en danger. En ces temps plus heureux, le parc trouva son second souffle et ses cendres laissèrent place en 1973 à une nature émaillée de populations animales, bien qu’encore maigres pour certaines.
Après dix ans d’insurrection maoïste, les recensements témoignèrent d’une hausse significative des rhinocéros passant de 300 individus à très exactement 503 entre 2010 et 2011 et une recrudescence du nombre de tigres reproducteurs qui n’étaient que 40 en 1980 pour 125 en 2011.
Un conflit toujours d’actualité
De nos jours le braconnage constitue encore un fléau pour les rhinocéros et les tigres grâce auxquels les braconniers animent la braise d’un commerce illégal. Malgré l’irritation des protecteurs du site, cette fatalité menace le bon fonctionnement de la biocénose d’autant plus que les dépendances aux ressources naturelles des peuples locaux ont un impact négatif sur les conflits concernant la protection animale. La récente mise en place d’une zone tampon ainsi qu’un système d’indemnisation pour les populations délocalisées œuvrent donc dans l’espoir d’une entente entre vie sauvage et humaine.
En dépit d’une histoire s’inscrivant dans un passé sanglant, les autorités ainsi que les gérants du parc manifestent plusieurs actions allant dans le sens de la conservation animale qui reste une priorité pour le Népal. Il semble que les couleurs reprennent de leur vivacité, les forêts de leur ténacité, et les animaux de leur virulence. En somme toutes ces caractéristiques s’efforcent de concilier les luttes perpétuelles entre hommes et animaux pour ne faire qu’une seule et même entité.
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